La Motte Féodale de Tourel-Tallen

Topographie – Environnement
La Motte de Tallen se trouve au cœur du massif forestier médiéval qui s’étend jusqu’à Bieuzy-Lanvaux. Camors est en effet une paroisse tardive (XIIIe siècle au plus tôt), installée au cœur d’un massif qui a depuis été particulièrement défriché. Elle domine la vallée encaissée du ruisseau de Kervihan, qui est alimenté par de multiples petits affluents. Elle domine de 15 m le fond de la vallée, où se trouvait un système de digue permettant l’aménagement d’un étang au nord. P. NASS mentionne une seconde digue très ruinée au-delà de Tallen-Vraz.
Le nom Tallen, renvoie d’ailleurs à cette présence. Le site est également couramment désigné sous le nom de Tourel-Tallen « tour de l’étang ».
Le site est établi à l’écart des voies anciennes reconnues, toutefois, il se situe au Moyen Âge à 450 m à l’est de la route menant à l’abbaye de Lanvaux, fondée au XIIe siècle. Il s’agit donc d’un axe médiéval qui dessert le plateau sur lequel la motte est installée.

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Morphologie du site
Seule la motte est conservée, tandis que les traces d’une possible basse cour ont totalement disparu. Le tertre est conservé sur 7 m de hauteur en moyenne. Son diamètre à la base est de 37 m et au sommet de 19 m.
Les fossés entourant le tertre sont très bien conservés au sud, à l’est et à l’ouest, tandis qu’au nord, ils sont comblés. Ils mesurent entre 2 et 2,5 m de profondeur.

Vestiges maçonnés
Les vestiges maçonnés sont très altérés : mis à jour par des fouilles clandestines dans les années 2000, ils ont subi les conséquences d’une exposition longue aux intempéries. Sont tout de même bien conservées, 5 portions d’une enceinte de contour établie au sommet de la motte. Les maçonneries atteignent 1,2 m de largeur. Le plan général est difficile à déterminer : la partie nord forme un angle droit, tandis que les vestiges visibles sur le relevé topographique, sur la moitié sud, montrent davantage une enceinte circulaire. Ce mur, exposé sur une hauteur de 2 à 4 assises, a été transpercé en deux endroits par des tranchées.
La maçonnerie n’est pas très appareillée. Il s’agit de blocs de grès mal assisés, sans module particulier. L’épaisseur des murs est évaluée entre 0,6 et 0,7 m. C. AMIOT distinguait dans les années 1990 à l’intérieur de cette enceinte au moins trois pièces de dimensions différentes : 5,5 sur 5,5 mètres, 6 sur 7 mètres et 4,5 sur 4,5 mètres.
L’une d’entre elles pourrait correspondre à une tour maîtresse.
Ces vestiges ne sont plus apparents aujourd’hui : un fragment de maçonnerie peut éventuellement être mentionné au centre de cette enceinte, mais il est difficile de dire qu’il s’agit d’un élément en place ou de débris de démolition (ou de remblais de fouilles)

Historique
Aucune mention du site ou de la seigneurie ne peut être relevée avant le XVe siècle. Le site du manoir voisin n’est mentionné qu’en 1427 sous le nom de manoir DE TALALEN. Peut-être ce site relevait-il comme Porh-Hoët-er-Saleu , des Lanvaux ou des Camors.

Source: Lucie JEANNERET (Thèse de doctorat, Mention archéologie, Université Rennes 2, L’habitat fortifié et fossoyé dans le Vannetais et le Porhoët : Etude des pouvoirs et du peuplement au Moyen-Âge Xe – XIIIe siècles)

Photos de la Motte de Tourel Tallen et le relevé topographique