Le site du château de la Motte : « le château de Barbe Bleue »

Topographie - Environnement
Ce site se situe à Porh-Hoët-er-Saleu (cour ou porte du bois des salles) au cœur de la forêt de Camors, à moins de 600 m du bourg actuel.
La fortification s’implante sur le rebord du plateau occupé par le bois, en contre-bas de la pente. Il est ainsi protégé sur trois de ses côtés par des cours d’eau qui aboutissent aujourd’hui à un vaste étang destiné à alimenter le moulin de La Motte. Il est donc largement dominé par son environnement.
Il est principalement défendu par l’étang et, côté sud, par l’aménagement d’un profond fossé aux parois abruptes qui peut être alimenté par l’étang.
La légende attribue ce château à Conomore (roi légendaire) ce qui est d’ailleurs encore indiqué sur les cartes IGN.

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Morphologie du site
Le site est boisé, mais la plate-forme est encore repérable. Elle dessine un espace de 1500 m², très bien protégé et tourné vers l’étang. Vers le plateau, cette plate-forme est renforcée par un talus massif de 3 m de hauteur pour 4 m de largeur. Le fossé qui la sépare de la « basse-cour » est peu large (6 m d’ouverture) pour une profondeur conservée de 4,5 m. le système de franchissement n’est pas conservé. Toutefois, l’organisation des plates-formes, ainsi que les replats observés à l’est du site, permettent de supposer l’établissement d’une passerelle à l’est du fossé central.
La seconde plate-forme, au sud, est plus vaste : sa superficie atteint les 3200m². Elle est également défendue par des fossés en grande partie comblée.
Ces deux plates-formes présentent un sommet plat qui a permis l’aménagement de plusieurs bâtiments.
La distinction des deux espaces permet d’identifier un réduit défensif au nord (haute cour) et un espace de basse-cour au sud. Le site qui paraît être tardif par sa morphologie peut toutefois remonté au XIIIe siècle.
Un troisième espace fortifié pouvait y être associé au sud, mais les travaux de gestion forestière ont profondément altéré les vestiges de fossés. Les deux enceintes conservées présentent en revanche un état de conservation exceptionnel pour la région.

Vestiges maçonnés
Les vestiges de construction sont nombreux à Porh-Hoët-er-Saleu. Le relevé topographique montre nettement le plan de ces bâtiments. Dans le réduit défensif, se trouve un vaste corps de bâtiment de 22 m sur 9,5 m comprenant une vaste salle de 70 m² et deux petites salles vers le nord. Plusieurs murs perpendiculaires sont accolés à ce bâtiment installé au centre de la plate-forme. Leur destination reste incertaine. En revanche, deux tours carrées sont partiellement conservées. Une possible enceinte extérieure a disparu.
La seconde plate-forme, au sud, abrite divers bâtiments. Le premier de 30 m sur 9 m de largeur est séparé en quatre pièces. Un puits circulaire est situé devant ce bâtiment, au centre de la cour. A 8 m au sud, ce sont deux bâtiments en équerre qui apparaissent.

Historique
Le site n’est jamais mentionné dans les textes, toutefois à proximité du bourg, ainsi que l’existence d’un lignage de Camors qui possède les droits sur la forêt au XIIIe siècle amène à supposer que ce site leur appartient. Le lignage, bien qu’éphémère dans la documentation, est important : la question de l’hommage des Camors est l’une des raisons du conflit entre les Lanvaux et les Rohan à partir des années 1220. En 1250, Raoul de Kemors donne à l’abbaye de Lanvaux l’usage du bois vert dans la forêt de Lanvaux. La famille sera ensuite amener à céder tous ses biens, en 1286 à la famille de Rohan (extinction de la branche ?). Il est alors possible que le site fortifié reste dans les mains des Rohan ou de l’un de ses vassaux, bien qu’il ne soit jamais mentionné.

Source : Lucie JEANNERET (Thèse de doctorat, Mention archéologie, Université Rennes 2, L’habitat fortifié et fossoyé dans le Vannetais et le Porhoët : Etude des pouvoirs et du peuplement au Moyen-Âge Xe – XIIIe siècles)

Photos des fouilles de juillet 2017

La légende de BARBE BLEUE à l’origine de la commune de CAMORS !

Au VIème siècle, le Comte de Pluvigner, KONOMOR ou COMORRE possédait un château au lieu-dit "La Motte" où l'on peut encore aujourd'hui apercevoir les vestiges ainsi que le rocher où il déposait ses armes en revenant de la guerre.
 Il régnait sur toute la Cornouaille et le Poher vers 550 et a connu le fils de CLOVIS, le roi Franc CHILDEBERT 1er.
La capitale de son royaume était Carhaix. Au VI° siècle, l’oppidum gallo-romain de Carhaix, lieu élevé dont les défenses naturelles ont été renforcées au temps des Celtes était encore suffisamment puissant pour qu’un seigneur en fît le point central de ses domaines. Le sanguinaire COMORRE était Tierne de Poher, c'est-à-dire qu’il avait un pouvoir légal et était un agent du pouvoir central représenté, à l'époque, par les francs.
Ce surnom de CONOMOR ou COMORRE venait de KONOMOR qui signifie « Le grand chef ». Il régnait en maître sur ses domaines. Sa réputation était effroyable parce qu’il tuait et pillait pour le plaisir.

Voici ce que dit la légende :
Le comte de COMORRE, épousa, une femme très belle et très douce. Or, peu de temps plus tard, un devin lui prédit qu'il périrait de la main de son fils. Il crût à la prophétie et prit peur. Lorsque son épouse fût enceinte, il lui coupa la tête pour ne prendre aucun risque.
Il se remaria cinq fois et tua de la même façon ses épouses dès qu’une naissance était annoncée.
Un jour, il se rendit au Monastère d’un saint homme nommé Gildas (futur Saint Gildas et dont le monastère s’appelle depuis Saint-Gildas-de-Rhuys), qui avait pour protecteur, GUERECH, (ou WAROCK) Comte de Vannes. Celui-ci avait une fille, TRIPHINE et quand CONOMOR la rencontra, il fut si épris de sa beauté qu’il alla la demander en mariage à son père.
A cause de la réputation de CONOMOR, le comte de Vannes, qui n'osait pas refuser de crainte d'une guerre, demanda conseil à SAINT GILDAS qui imposa à CONOMOR une retraite d’une année pour racheter ses fautes passées. CONOMOR, poussé par l’envie d’épouser TRIPHINE, se montra si pieux et si obéissant pendant un an que Gildas, touché par ce repentir miraculeux, conseilla au Comte de Vannes d’accepter cette union. Le mariage fut célébré avec faste et tout se passa bien pendant plusieurs mois.
Cependant au retour d'un long voyage, CONOMOR surprit dans son château sa jeune épouse occupée à broder un bonnet de nouveau-né. Il apprit ainsi de TRIPHINE attendait un enfant. A cette nouvelle, il se mit dans une colère épouvantable et déclara qu’il allait la tuer et la fit enfermer dans son château.
Toutefois, TRIPHINE réussit à s’enfuir, mais sa course effrénée dans les bois pour s’échapper, fit précipiter l’accouchement et TRIPHINE mit au monde un fils. Prenant son bébé dans les bras, épouvantée, elle reprit sa course.
Entre temps, CONOMOR avait découvert l’évasion de sa prisonnière. Il se lança à sa poursuite avec ses soldats. Il la rejoignit au sommet d’une colline et lui trancha la tête d’un seul coup d’épée. Il repartit aussitôt dans son château, sans même se retourner, laissant le nourrisson près du cadavre de sa mère, mourir de faim ou pire, être dévoré par les loups !
Or la légende dit que Dieu ne permit pas ce meurtre. GUERECH, le père de TRIPHINE, miraculeusement prévenu, alerta son ami Saint-Gildas. Ils arrivèrent tous deux à grande chevauchée sur les lieux du crime.
L’abbé ne dit qu’un mot et TRIPHINE, pourtant décapitée se leva, saisit sa tête d’une main et de l'autre prit son enfant. Elle marcha alors vers le château de CONOMOR suivie par les deux cavaliers.
A la porte du château, SAINT-GILDAS somma le meurtrier de recevoir sa femme et son enfant, mais personne ne répondit. Alors, il prit une poignée de terre et la jeta vers les tours qui s’écroulèrent, les courtines s’effondrèrent et le seigneur sanguinaire fut enseveli sous les ruines avec ses hommes d’armes.
 Saint-Gildas replaça alors la tête de TRIPHINE sur ses épaules et baptisa l’enfant sous le nom de TRÉMEUR qui, plus tard, devint moine du monastère de Saint-Gildas-de-Rhuys et, à Carhaix, une église lui est dédiée dont le portail nord possède une statue qui le représente. On dit aussi qu'à l'âge de neuf ans, il rencontra son père. Celui-ci le décapita par surprise mais TREMEUR emporta sa tête sur la tombe de sa mère et survécut grâce au miracle de SAINT-GILDAS.
CONOMOR réussit à s'enfuir. SAINT-GILDAS parcourut alors la Bretagne pour dénoncer les agissements de ce seigneur. Il réussit à réunir en 548 un concile civil et ecclésiastique qui le jugea coupable. Il fut alors excommunié et dépossédé de tous ses biens et se mit à errer en Bretagne.
CONOMOR continua pourtant ses exactions. Il tua son frère IONA, roi de Domnonée, et épousa sa veuve. Celle-ci avait un fils, JUDUAL, héritier légitime du royaume de son père. Dépossédé, par son beau-père de ses terres et de ses biens, il livra bataille à CONOMOR dans les monts d'Arrée. C'est lors du troisième combat qu'il le transperça d'un coup de javelot.
Malgré toutes les précautions de CONOMOR, la prédiction s'était donc étrangement réalisée !

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